Parution de la compil Emmanuel Makroud (ni oubli ni pardon)

En tant que chanteur qui chante faux et musicien ne jouant d’aucun instrument, je me devais de participer à cette bienheureuse compilation en présence de plein d’autres artistes acidulés, vraiment de quoi houler le cerveau comme un crocodile gonflable

Cosmos #1 Podcast avec Garage83 + un trou noir

 

Un trou noir gobe mes jambes
Mes jambes qui ne marchent pas
Qui ne vont nulle part
Mes jambes qui me désaxent
d’un pas ébouriffé
N’importe comment
Dans des trous n’importe où
n’importent quand
Mes jambes qui me démantibulent
Qui me démêlent et me démènent
Me débordent par la gauche
file au but
M’engluent dans les flaques des merdes de la vie
les grumeaux gluants des merdes de la vie
Les lumières bleues des merdes de la vie
Les tristesses végétales des merdes de la vie
quand tu confonds le soleil avec un halogène parce que t’as plus l’habitude de rien et que la moquette est trop propre pour paraître vrai et que l’amour s’arme d’une chappe épaisse comme un crocodile qui rampe dans les eaux brunes d’un fleuve décoctions avides des villes sanguines polluées qui s’ouvrent les veines comme du gruyère
à la mi-mai
Un trou noir avale tout ce que je vois
Ça passe à une ultra vitesse vertigineuse
une compression énervée
bruyante comme des machines à clous
des perceuses cérébrales
Un trou noir avale tout ce que je vois
Il avale l’arbre vert
ses fleurs écloses comme des boulettes de viande rouge
il avale mon quartier pouilleux
le caniveau coupé à l’héroïne les pigeons qui se vautrent dedans pour baiser
il avale les poubelles à terre gueule ouverte
comme de grosses baleines
le cœur en sandwich
les boyaux compilés
la langue inerte
scotchée au sol à l’appétit des rapaces
un trou noir avale ma voiture
comme un éclair au chocolat gris
Elle a le regard de mon moi ma voiture le regard du
laisser-aller
laisser-aller ma viande
dans la chute de la viande rémunérée sur des sièges à roulettes
la chute dans la grosse meule
qui fait de la bouillie de viande de tout le monde
et Dieu ou le diable ou un extraterrestre
nous mâche en kebab
sauce Hannibal
Un trou noir ingère mes collègues
Tous sur-saturés
comme des sacs d’aspirateur
qui ont trop sniffer la poussière des claviers
le moisi sur les chaises
le moisi des sueurs des anus et des sueurs des bites et des sueurs des chattes
qui ont trop engloutis les insectes chiffonnés
les mouches comme des petites momies
et les papillons sans couleur
Un trou noir aspire les fenêtres contre lesquelles les papillons sans couleur
cassent leur tête décollée
Un trou noir suce ma bite
succion non stop
succession suintante finie de petits spasmes infinis
un trou noir me micro-branle à travers les strates de cette pute de temps
parce que le temps c’est de l’argent
CQFD
un trou noir exhausse mes fantasmes
long abrutissement d’amour
salive noire arrosée aux ténèbres
salive au café recuit au jus de
bite de schtroumf noir
salive noire comme une nuit nocturne
un trou noir avale ma salive noire mon humeur humide noire
mes gestes confus mes gestes de nappes phréatiques
pour paraître bien à la lumière
dans les flots de lumière pour paraître à l’aise
confortablement installé
bien dans ma peau
sous la lumière
un trou noir avale toute ma peau tous mes organes
avale ma cervelle
mon intestin comme un long spaghetti
mais au goût qui pue
mes yeux comme des petits pois
ma bouche comme un croissant débile mes cheveux comme des asperges mes mains comme des araignées et mes pieds
comme des poulpes
un trou noir m’engloutit
jusqu’au dernier gramme
au dernier centilitre
au dernier petit rêve
cloporte du sommeil
et je me fais à l’idée
d’en avoir aucune.